Lundi 19 juillet 2021, SMART JOB reçoit Gaël Chatelain-Berry (consultant, conférencier et écrivain) , Jean-Christophe Villette (directeur général, administrateur, cabinet EKILIBRE, FIRPS) et Luc de Brabandere (philosophe d'entreprise et essayiste)
L’entreprise doit-elle garantir le bonheur ?
Le rapport entre bonheur et travail, une utopie ? L’entreprise devrait donc aussi garantir une forme d’épanouissement, et donc de bonheur à ses salariés. Mais est-ce vraiment son rôle ? Le bonheur est-il lié au travail ?
Pour Luc de Brabandere, philosophe d'entreprise et essayiste, le bonheur au travail commence comme cela : “La première chose à dire c’est que le bonheur au travail, le bonheur en entreprise, pour qu’il fonctionne, il faut aussi que l’entreprise marche. Il faut que cela tourne, que les clients payent, que les machines tournent économiquement. Une entreprise qui ne marche pas, le problème ne se pose pas. Il est vrai qu’il y a des entreprises où cela se passe mieux et le bonheur au travail, c’est quand on voit des gens qui se sentent partie prenante d’un projet, ils se sentent utiles au projet. C’est vraiment cela, et pas une structure. En France, vous avez la raison d’être, mais moi, j’ai envie de parler de raison de faire.” Précise-t-il.
Mais selon Gaël Chatelain-Berry, consultant, conférencier et écrivain, le bonheur au travail est une quête alors que le bien-être est un état. Il explique cette théorie :“L’entreprise doit être garante du bien-être. Imaginez, vous gagnez 130 millions d’euros à l’Euromillion de vendredi. Est-ce que vous changez quelque chose à votre travail ? 99% des gens changent quelque chose ! Tout le monde ! Il est vrai que beaucoup de gens travaillent pour payer leurs factures et pas grand chose d’autre. Cette injonction au bonheur est très violente !”
En fait, la plupart des salariés vont au travail pour gagner leur vie. Cela n’impute pas la notion de bonheur, mais plutôt celle de labeur. Jean-Christophe Villette, directeur associé du cabinet EKILIBRE n’est pas à l’aise avec le mot “bonheur” associé au travail dans ses préoccupations, c’est-à-dire celles d’un psychologue du travail et des organisations et d’un consultant. Il ajoute qu’en lien avec cette pandémie, des mots sont très présents dans le vocabulaire des salariés en entreprise : la raison d’être, la raison de faire et même la raison de vivre. “Avec la crise sanitaire et ses impacts, on a quasiment un Français sur deux associé à un impact négatif.” Le niveau de dégradation psychique des salariés n’est néanmoins pas encore fixé : “La question sur le bonheur est une priorité au regard de ces données contextuelles.” Conclut-il.
Jean-Christophe Villette, directeur associé du cabinet EKILIBRE, Gaël Chatelain-Berry, consultant, conférencier et écrivain et Luc de Brabandere, philosophe d'entreprise et essayiste sont les invités de SMART JOB.
Pauline Gratelle