Tech talkSMART TECHmer. 07/07/21

Mercredi 7 juillet 2021, SMART TECH reçoit Edouard de Rémur (cofondateur, Oodrive) et Yann Lechelle (Entrepreneur de la Tech, PDG, Sens Digital)


Souveraineté numérique : la France va-t-elle dans la bonne direction ?

Le 27 juin, un groupe de jeunes développeurs, acteurs du logiciel et du cloud a publié une tribune dans le journal Le Monde pour dénoncer la politique du gouvernement en termes de souveraineté numérique. Selon eux, les pouvoirs publics privilégient les solutions numériques proposées par les Gafam, au détriment de celles développées par les acteurs de la FrenchTech.

“Cette tribune est l’expression d’une incompréhension profonde sur les annonces qui ont été faites (par Bruno Le Maire, le 17 mai 2021 ndlr), ces annonces sont composées de quelques piliers très cohérents mais l’ensemble est assez incohérent, en raison de la mise en avant de solutions sous licences américaines”, indique Yann Lechelle, le directeur général de Scaleway, la filiale cloud de l’opérateur télécoms Iliad.

Dans le viseur des acteurs de la Tech française : la doctrine gouvernementale du “cloud de confiance”, qui promeut des solutions "hybrides", qui consistent à ce que les sociétés françaises et européennes hébergent des logiciels américains tels que Microsoft ou Google. Dans cette optique, certains projets commencent à émerger comme “Bleu”, la nouvelle société co-créée par Capgemini et Orange, en partenariat avec Microsoft.

“Un cloud de confiance, cela ne se décrète pas, la confiance cela se gagne, et c’est ce que font depuis des années les acteurs qui ont signé cette tribune”, affirme Yann Lechelle, "ces jeunes ont fait échos de cette incompréhension profonde, parce que le logiciel c’est précisément le métier de demain, celui qui capture la valeur, qui crée des emplois qualifiés. En France on a tout à fait le talent qui permet de répondre à ce défi”.

Pour Edouard de Rémur, le cofondateur de l’éditeur de logiciels Oodrive, l’un des premiers à avoir été labellisé “cloud de confiance”, les solutions proposées par les pouvoirs publics pour assurer la souveraineté numérique du pays, sont insuffisantes. “Ce terme de souveraineté numérique regroupe deux notions : la notion de protection des datas et la notion d’indépendance numérique”, explique-t-il, “le cloud de confiance" ne traite que de la protection, ce qui est déjà une bonne étape car le gouvernement a pris conscience que l’on ne pouvait pas stocker les données les plus sensibles chez les Gafam. La seconde notion c’est l’indépendance numérique, c’est doter la France d’une filière suffisamment forte pour qu’à termes, on puisse avoir une alternative crédible aux Gafam et l'initiative “Bleu” va à l’encontre de cela”.

Côme Dubois