Jeudi 1 juillet 2021, SMART JOB reçoit Laurent Villa (Président, groupe RX Clav) , Florent Malbranche (PDG et co-fondateur, Brigad) et Thierry Grégoire (président, UMIH Saisonniers)
Restauration, un modèle à réinventer
Le secteur de la restauration, après des mois de fermeture, retrouve peu à peu ses clients. Depuis hier, les jauges qui ne sont plus imposées et les tables de plus de six personnes sont à nouveau autorisées. Un retour presque à la normale, à un détail près : le personnel manque à l’appel. Selon l’UMIH, sur les 300 000 saisonniers attendus, encore 100 000 offres d’emploi restent non-pourvues.
De nombreux restaurateurs sont confrontés à une pénurie de main-d'œuvre à l’heure des réouvertures des hôtels, cafés, bars et restaurants. Selon l’UMIH, un employé sur dix aurait changé de métier pendant le confinement de mars 2020. Alors, quel état des lieux plus d’un mois après les réouvertures de ces commerces ? Pour Thierry Grégoire, Président de l’UMIH Saisonniers, c’est très clair : “L’état d’esprit général, déjà, c’est la fin du tunnel. Les 15 mois de confinement ont été une épreuve psychologique comme dans tous les secteurs et pour tous les Français.” Il poursuit : “J’ai toujours considéré que l’activité partielle était bénéfique, mais aussi une drogue dure. Si on a aussi un déficit de recrutement aujourd’hui, c’est probablement que nous avons des collaborateurs qui ne veulent pas reprendre tout de suite. On a toujours des difficultés de recrutement mais la politique salariale et les conditions de travail sont à la main du chef d’entreprise, même si elles évoluent. De mon côté, je n’ai pas de difficulté de recrutement, d’autres collègues en ont, c’est aussi disparate en fonction des territoires, et des pics de saisonnalité. C’est un secteur en tension depuis 10 ans. Là où on a le plus de difficultés, ce sont tous les métiers qualifiés de cuisiniers, et qui sont les plus durs aujourd’hui à recruter. Nous voyons malheureusement trop d’entreprises qui sont obligées de fermer par déficit de collaborateurs.” Mais Laurent Villa, Président du Groupe RX Clav (brasseries TRIBECA et écosystème digital : RX CLUB), pense qu’il faut aller beaucoup plus loin que cela : “Au niveau social, nous avons un système archaïque, le Code du Travail est archaïque, les contrats de travail sont archaïques, il faut profiter de la digitalisation grâce à la Covid, qui peut être un accélérateur. Pour moi, nos employés sont sous-payés. En tant qu’entrepreneur, j’ai 400 recrutements à faire pour le prochain semestre. Je ne les trouve pas. Mais je ne les trouve pas parce qu’au fond, les gens n’ont plus envie de travailler parce qu’il faut revaloriser leurs salaires ! Et pour cela, il faut aider les entreprises à avoir moins de charges. Il y a beaucoup de choses à faire.”
Le modèle serait donc totalement à réinventer ? Florent Malbranche,cofondateur et PDG de Brigad appuie : “Les métiers de la restauration connaissent une pénurie de personnel depuis des années, et même depuis toujours ! Parce que ce sont des métiers difficiles, qui sont exercés quand l’ensemble de la population ne travaille pas : en vacances, le soir, la nuit… Ces métiers sont physiques, et qui sont difficilement compatibles avec une vie de famille. Donc on forme des gens qui, quelques années après, vont aller travailler dans un autre secteur.”
Thierry Grégoire, Président de l’UMIH Saisonniers, Florent Malbranche, cofondateur et PDG de Brigad et Laurent Villa, Président du Groupe RX Clav sont les invités de SMART JOB.
Pauline Gratelle