Mardi 22 juin 2021, SMART JOB reçoit Juliette Speranza (Auteure) , Claire Stride (Consultante Auteure et Conférencière) et Flora Thiébault (psychologue Clinicienne, cofondatrice, Auticonsult)
Profils neuro-atypiques, un atout ?
Différents mais très utiles, les profils neuro-atypiques ont du mal à s’intégrer au monde de l’entreprise. Et pour cause, les employeurs sont réticents à leur embauche, parce qu’ils manquent d’information concernant le sujet.
Nous sommes tous très différents. Certains individus ont néanmoins un cerveau divergent des autres, qui fonctionne parfois plus vite : ils sont utiles en entreprise. Ces profils atypiques réfléchissent différemment (comme les autistes Asperger par exemple), et ont du mal à trouver leur place dans l’entreprise et plus largement, dans la société.
Le problème remonte au modèle éducatif. Pourquoi cela ne fonctionne pas ? Pour Juliette Speranza, enseignante et auteure : “On fabrique des salariés, on fabrique des employés, des managers… Parfois, on n’a pas conscience de la nécessité de prendre en compte la neurodiversité et effectivement, cela commence à l’école. On observe vraiment une forme de classification, de ségrégation des enfants anormaux dès le plus jeune âge, dès la maternelle. On demande aux enfants de rentrer dans les cases, dans les compétences, et de se plier aux méthodes et aux stratégies qui ont été choisies pour la majorité.”
En ouvrant la porte à ces personnes au lieu de la laisser fermée, il est possible de cheminer avec eux, de construire de belles choses, et notamment dans le monde de l’entreprise. Comment se passe leur intégration ? Selon Flora Thiébault, psychologue clinicienne et cofondatrice d’Auticonsult : “Nous, on s’appelle Auticonsult, c’est assez transparent. Nous, ce que l’on valorise, c’est le vecteur d’innovation. Au même titre que toute diversité d’ailleurs, il y a eu énormément de recherches sociales qui ont prouvé la valeur de la diversité au sein d’une équipe. La neurodiversité commence aussi : il y a de plus en plus d’études qui démontrent cette valeur-là. Pour moi, la valeur ajoutée de la neurodiversité, c’est l'extrême exemple de la valeur ajoutée de la diversité. Parce que ce sont des personnes qui sont complètement incapables à priori, chacun à leur façon, de rentrer dans un moule. Pourquoi toujours employer et recruter des "clones", qui sont les biais cognitifs que l’on a tendance à faire dans le recrutement ?” s’interroge-t-elle.
Comment convaincre alors un recruteur d’embaucher une personne neuro-atypique ? “On démystifie !” explique Claire Stride, consultante en intelligence relationnelle, elle-même dyslexique. Elle poursuit “Moi, je commence par démystifier et par faire comprendre qu’effectivement, nous avons des profils atypiques et complémentaires avec les autres. Par contre, il y a une réalité, sur la lumière, sur les bruits… Il y a une hypersensibilité. En société, on a parfois du mal à être avec plein de gens, plein de bruit. Il faut parler avec l’employeur, nous expliquons. Le but est de dire “il n’y a rien à perdre, tout à gagner.” Tout à gagner avec quelqu’un de différent, se challenger, sortir de sa zone de confort et qui va s'adapter et penser autrement. On voit de très beaux résultats en entreprise”.
Juliette Speranza, enseignante et auteure, Flora Thiébault, psychologue clinicienne et cofondatrice d’Auticonsult et Claire Stride, consultante en intelligence relationnelle sont les invitées de SMART JOB pour parler de neurodiversité au travail.