Mardi 8 juin 2021, SMART JOB reçoit Julien Denormandie (Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation)
Agriculteurs, un métier en crise ?
Jullien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation est l’invité exceptionnel de SMART JOB. Sur tous les fronts, il passe en revue la négociation de la PAC, la loi Egalim, le gel des récoltes, la souveraineté alimentaire… Bilan d’un secteur en crise, qui recrute et qui doute.
Le nombre d’agriculteurs diminue d’année en année : en 1988, ils étaient plus d’1,6 million (soit 7.1% de l’emploi total) quand en 1999, les agriculteurs se comptaient à 400 000 (soit 1.5% de l’emploi total).
Aujourd’hui, des agriculteurs bio sont mécontents : leurs aides prévues par la PAC pourraient baisser largement. Pour Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation : “Ce qui a été dit est faux. Il y a certaines personnes qui ont réussi à convaincre des dizaines de personnes de se mettre tout nus avec une pancarte, sur la base de chiffres faux.” Alors pourquoi les chiffres sont-ils faux ? Il poursuit “La politique agricole commune que j’ai annoncé va augmenter de plus de 30% les aides dédiées au bio. Mais je fais un choix politique : aujourd’hui, vous avez à peu près 45 000 agriculteurs bio. Sur ces 45 000, il y en a 9 000 qui bénéficient d’aides au maintien, donc d’une aide supplémentaire par rapport à leurs revenus liés au marché. Ces aides au maintien, c’est approximativement 50 millions d’euros à l’échelle du pays. Donc, est-ce qu’on doit continuer ces aides au maintien qui diminuent depuis 2017 ? Et d’ailleurs, l’État comme les régions les arrêtent parce que tout cet argent, au lieu de le mettre dans le maintien, on le met dans la conversion. Le choix politique que je fais, étant que toutes les aides bio, je les fais passer à 340 000 euros, pour convertir 20 000 nouveaux agriculteurs. Ce débat-là, je le regrette, et je l’ai dit à la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique): je regrette votre posture, et je condamne même lorsque, dans un débat démocratique, on dit des choses fausses. On peut ne pas être d’accord sur les moyens, sur les outils, mais on ne doit jamais véhiculer de fausses informations.”
En pleine crise, le monde agricole connaît aussi des drames. Des chiffres datant de 2015 sont clairs : 605 suicides d’agriculteurs cette année-là, d’après la Mutualité Sociale Agricole (MSA). En écho à ces chiffres (non-consolidés et pas remis à jour depuis), Julien Odoul (tête de liste RN, Bourgogne Franche Comté) a réagi ironiquement sur le sujet, avec Jacques Ricciardetti (RN). Des propos dévoilés par le journal Libération : “L’agriculteur qui se pend au faîtage de son hangar… doit-il laisser une trace ?” avait dit Jacques Ricciardetti et Julien Odoul avait répondu “Est-ce que la corde est française?” Julien Denormandie réagit vivement à ce dialogue : “C’est totalement abjecte. Et je crois que c’est d’abord l’image de ce que renvoie le Front National, c’est-à-dire, d’un côté, faire semblant d’être aux côtés de ceux qui nous nourrissent, les agriculteurs. Et de l’autre côté, de manière totalement cynique, ironiser sur des drames. Dans notre pays, il y a des agriculteurs en situation de détresse, des drames et face à ces situations de détresse, on se mobilise. Et tout cela, on le fait avec beaucoup de dignité, d’accompagnement. C’est à l’opposé de toute dignité, de toute considération, de toute volonté réelle d’accompagner et de trouver des solutions, de partager cette souffrance pour mieux y répondre.”
Pauline GRATELLE