Mercredi 2 juin 2021, SMART TECH reçoit Jérémy Harroch (fondateur et CEO, Quantmetry) et Raphaël Godoffe (responsable commercial de la partie calcul haute performance, Hewlett Packard Enterprise)
“Big Science” veut faire parler l’IA
Le 28 avril, un consortium international de laboratoires, de grands groupes et de start-up a lancé “Big Science”, un projet ambitieux qui consiste à développer en un an, un modèle de langage multilingue open source. Ils pourront notamment compter sur la puissance du supercalculateur français Jean Zay pour mener à bien ce programme.
“L’objectif c’est d'entraîner un très grand réseau de neurones qui a pour but de développer des modèles de langages multilingue”, rappelle Raphaël Godoffe, le responsable commercial France de la partie Calcul Hautes Performances de Hewlett Packard Enterprise, l’entreprise américaine qui a développé le supercalculateur Jean Zay. “En terme d'application, ce modèle va ensuite permettre de travailler sur des domaines comme la traduction, les chatbots ou d’autres applications qui utilisent le traitement du langage naturel", explique-t-il.
Pour mener à bien ce programme, les équipes d’ingénieurs vont exploiter les capacités du supercalculateur le plus puissant de France (dixième au niveau mondial), le Jean Zay, doté d’une puissance de 28 pétaflops soit 28 millions de milliards d’opérations par seconde. “On a besoin de très grosses machines comme le Jean Zay pour entraîner ces modèles”, raconte Raphaël Godoffe, “il y a cinq millions d’heures qui ont été allouées sur cette machine. Pour vous donner une idée, sur un outil comme celui-ci qui a aujourd’hui 2 700 accélérateurs, une puissance de calcul de cinq millions d’heures représente à peu près trois mois d’utilisation à plein temps de cette machine”, ajoute-t-il.
Si de tels moyens sont attribués à cette opération, c’est parce que l’Europe ambitionne de devenir un acteur d'excellence face aux géants américains comme Google. “Aujourd’hui l’IA cherche un peu ses nouveaux terrains de compétition, on sait que la thématique de la perception en est un, en particulier le langage qui est aujourd’hui une barrière qui n’a pas encore été franchie. L’Europe, contrairement aux acteurs privés américains, n’essaye pas d’améliorer le volume des algorithmes mais plutôt leur qualité notamment autour de l’éthique”, affirme Jérémy Harroch, le fondateur et CEO de Quantmetry, un cabinet de conseil spécialisé en Intelligence Artificielle qui accompagne les grands groupes dans leur transformation data.
Côme Dubois