Le débatSMART IMPACTmar. 02/07/24

Mardi 2 juillet 2024, SMART IMPACT reçoit Mickaël Berrebi (directeur, Diot-Siaci Institute) et Alicia Lachaise (responsable océan, affaires publiques et RH, Entreprises pour l’Environnement (EpE))


Quel lien entre dialogue social et transition écologique ?

À l’occasion du colloque « Le dialogue social, accélérateur de la transition écologique », organisé en juin 2024 par l’association française des Entreprises pour l’environnement (EpE), SMART IMPACT s’intéresse au pouvoir de la coopération entre partenaires sociaux pour relever les défis de la transition écologique. Avec Alicia Lachaise, responsable océan, affaires publiques et RH d’EpE, et Mickaël Berrebi, directeur du Diot-Siaci Institute.

Un bon dialogue social dans les entreprises peut-il faciliter la transition écologique en France ? S’il ne règle pas tous les problèmes liés au réchauffement climatique, « c’est un sujet important qui peut accélérer la transition écologique au sein des entreprises » assure Alicia Lachaise. La responsable océan, affaires publiques et RH d’EpE (Association française des Entreprises pour l’environnement) est convaincue que le mouvement a déjà commencé sous l’impulsion des organisations syndicales, preuve à l’appui avec « l’accord national interprofessionnel d’avril 2023, dont l’idée est de traduire au sein des entreprises les objectifs de la loi Climat et Résilience de 2021 ». Et du côté des travailleurs ? « 73% des salariés ont le sentiment que la transition écologique impacte leur métier ou leur secteur d’activité » souligne Mickaël Berrebi. Le directeur du Diot-Siaci Institute cite les chiffres d’une étude de son organisation sur le sujet, qui met également en lumière le fait que « la moitié des salariés pensent que leur métier impacte l’écologie ».

Prise de conscience, mais pas encore de passage à l’action

La donnée encourageante pour l’expert, c’est que « 60 % des salariés pensent qu’il est possible d’adapter leur métier à la transition écologique, pour l’essentiel sans grande modification. On peut interpréter qu’ils n’estiment pas nécessaires de changer tout le modèle économique de l’entreprise ». Un signal positif selon Alicia Lachaise car « le dialogue social doit passer par l’acceptabilité pour accompagner en souplesse ces transformations », qui, selon elle, vont concerner tous les métiers, « pas seulement ceux de la transition écologique ». Selon Mickaël Berrebi, s’il y a « une prise de conscience, et même parfois une inquiétude par rapport au réchauffement climatique, ce n'est pas pour autant qu’il y a une demande très marquée » pour passer à l’action. « Sur la notion d’actions prioritaires, on en revient à des concepts et éléments beaucoup plus terre à terre, économiques, liés au pouvoir d’achat… » Et sur le plan purement environnemental ? « L’action prioritaire dans l’esprit des salariés, c’est l’adaptation du poste de travail, bien avant la formation des salariés aux enjeux climatiques, qui arrive en bout de liste. Ce qui souligne le rôle des représentants du personnel et la nécessité de correctement les former… »

Former les délégués du personnel et les dirigeants aux enjeux climatiques

Pour Alicia Lachaise, « beaucoup d’outils ont été mis en place, soit par les organisations syndicales, soit par les experts. Mais cela reste des sujets récents qui ont été introduits par la Loi Climat et Résilience de 2021, qui a attribué de nouvelles prérogatives environnementales aux CSE, qui jusque-là ne traitaient surtout que les sujets sociaux ». Et pour elle, quand on ajoute quelque chose de nouveau, « il faut accompagner avec de la formation ». Et pas seulement les délégués du personnel, « mais aussi les dirigeants au sein de l’entreprise, car ils doivent être au fait de ces prérogatives environnementales et pouvoir fournir toutes les informations nécessaires ». Tout le monde va devoir s’y mettre, même si à l’instant T, les chiffres de l’étude de Diot-Siaci indique que seule une minorité a commencé à bouger : « toutes entreprises confondues, 30 % des salariés français ont songé à démissionner pour aller vers un métier plus vertueux sur le plan environnemental. Le pourcentage augmente avec les salariés les plus jeunes, les entreprises de moins de dix salariés ou les fonctions d’encadrement. Mais dans ces 30 %, 8 % seulement ont réellement engagé des mesures ».