Lundi 3 juin 2024, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Stéphanie Armangau (Fondatrice et Directrice, ARCOM)


ARCOM SWISS : cinq questions à Stéphanie Armangau

L’expérience personnelle de Stéphanie Armangau, directrice d’Arcom Swiss a conduit à la création de cette société. L’entreprise est aujourd’hui pionnière dans l’application de l’analyse comportementale pour optimiser les dynamiques au sein des entreprises.

Quelle est l’histoire de la création de l’entreprise ? 

C'est une histoire née d'un drame personnel. J'ai dû subir une tumorectomie dans le foie à l'âge de 31 ans suite à laquelle j'ai fait des complications post-opératoires. Quand j'étais à l'agonie, me sont venus en tête mes regrets. Deux sujets me sont apparus, loin d'être ceux auxquels je m'imaginais de mon vivant, les voyages et le travail ! J'ai détesté être "salariée subordonnée", je ne me sentais pas à ma place et je pleurais à chaque vacances. Quand cette histoire est arrivée et que j'ai fait ma longue convalescence, des clients qui savaient que je me formais à des techniques dédiées à la communication et aux comportements humains, m'ont demandé de créer un "best of" de mes connaissances pour leurs directeurs/managers. Au bout de 3 demandes de directions qui ne se connaissaient pas entre 2013 et 2014, j'en ai conclu qu'il y avait un besoin et j'ai lancé mon activité en 2015.

Qu’est ce que l’analyse comportementale ? 

L'Analyse des comportements humains est un métier hybride issu de la criminologie et de la sécurité/sûreté. D'ailleurs, ils ont leur séminaire annuel en Europe. Moi, je suis seule. Le pari, en 2015, c'était d'amener des techniques d'observation (verbale et non verbale), d'écoute attentive et de questionnements très simples mais poussés dans le monde du travail pour améliorer la façon de sélectionner et de gérer des équipes. Un deuxième France Telecom, c'est inconcevable pour moi. On ne peut pas être malheureux au travail ! C'est 8 heures de sa vie quotidienne sacrifiées à l'autel du capitalisme (au niveau macro), autant que ce soit une source d'épanouissement personnel (à un niveau micro). Et comme dans le recrutement, beaucoup de management se fait encore à l'instinct alors que plein de concepts utiles existent et que se construire une boîte à outil "neuro-compatible" est possible.

Quels services proposez-vous ? 

Aujourd'hui, nous avons deux gros pôles qui se distinguent ARCOM Academy qui nous permet de former des managers à reconnaître des comportements prédictifs chez leurs collaborateurs pour une empathie et une altérité quasi métier ; qui nous permet de certifier des recruteurs (généralement plutôt séniors qui veulent professionnaliser leur fonction pour toujours plus de crédibilité, de légitimité et de confiance de leurs lignes) et enfin, qui nous permet d'accompagner des grands vendeurs à exceller dans l'analyse live des comportements de leurs clients pour une expérience client de haut niveau. Puis nous avons ARCOM Assessment où là, on ne transmet plus nos meilleures pratiques, on fait les évaluations de personnes directement pour nos clients, dans leur contexte, voire on prend un charge toute une partie de leur processus de sélection / de formation (quand cela n'est pas nous qui les leur créons).

Quelle est la place de l’innovation au sein de votre entreprise ? 

La techno est très importante pour nous, on parle d'ailleurs de "HR Tech" dans le recrutement. C'est d'ailleurs pour cela que nous avons un comité d'éthique depuis bientôt 2 ans. Les tests psychométriques les plus puissants font déjà du Machine Learning (aux USA et en France), s'il est bien utilisé et bien nourri Chat GPT a un potentiel de simplification de la création des guides d'entretiens ainsi que de la rédaction des questions comportementales. Quant aux nouvelles générations (et candidats post-COVID) ils abordent leur carrière d'une façon qui pousse à la remise en question des acquis en matière de soumission librement consentie contre un salaire et d'employer branding.

Sur quoi repose votre savoir-faire ? 

L'expérience, la maîtrise de nos techniques d'observation et une humilité quasi philosophique. Quand j'ai commencé, le tour de force a été de mélanger des disciplines (que je ne peux pas mentionner) dont les maîtres fondateurs ne pouvaient pas s'encadrer. Je les trouvais au contraire, absolument complémentaires voire indissociables et c'est cette recette un peu avant-gardiste à l'époque qui m'a valu des résultats qualitatifs aux yeux de mes clients qui avaient besoin de certitudes. De plus, j'ai toujours choisi de me former auprès des meilleurs avec la conscience aiguë que nous avons des destinées entre nos mains et qu'il faut que nos analyses soient impeccables. Une de mes amies et aussi collègue était négociatrice pour le RAID. J'ai beaucoup appris moi-même de nos échanges. Enfin, j'aborde chaque cas, chaque mandat avec un œil neuf. Je m'impose une discipline socratique "je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien" pour ne pas sombrer dans la facilité et l'arrogance. Et depuis 12 ans que j'ai débuté mes nombreuses certifications en continue, je me fais superviser encore et toujours par les maîtres que j'ai pu identifier dans mon parcours. C'est aussi cette formation continue qui me réjouit dans mon métier, elle est unique, sans fin et me permet de parcourir le monde. Comment ne pas aimer son travail et ne pas vouloir le transmettre à plus de recruteurs, managers et vendeurs possibles ?