Samedi 30 mars 2024, SMART @WORK reçoit Fabienne Ménard (CFO, Groupe Manutan) , Jean-François Clédel (Vice-Président RH, Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine) et Anne-Catherine Husson-Traore (Directrice des publications, Novethic)
CSRD : comment l’intégrer au sein des ETI ?
Depuis le 1er janvier 2024, la CSRD est applicable pour une majorité d’ETI. La directive impose aux entreprises de saisir à bras-le-corps la question de leur impact environnemental.
Qu’est-ce qu’une entreprise durable aujourd’hui ? C’est une entreprise capable d'évaluer ses risques le plus finement possible et mettre en place la stratégie appropriée. La CSRD reste encore un sigle très abstrait pour de nombreux professionnels, mais devient un outil obligatoire pour cette analyse. Elle signifie « corporate sustainable reporting directive », et vise à renforcer la communication de l'entreprise concernant leurs données sociales et environnementales.
La France a été le premier pays à transposer par ordonnance cette directive européenne. Selon la taille de l’entreprise, elle s’applique donc progressivement depuis le 1er janvier 2024 jusqu’au 1er janvier 2026.
L’objectif est de mieux calculer l’impact environnemental des entreprises et surtout d’améliorer les résultats. Elles vont devoir analyser à la fois leur impact direct sur l’environnement, mais aussi l’impact de l’environnement sur l’activité même de l’entreprise. On appelle cela l’analyse de la double matérialité. « On va avoir 4 ou 5 années de déploiement », explique Anne-Catherine Husson-Traore, Directrice générale du média spécialisé dans la finance durable Novethic, « il faut vraiment que les entreprises se concentrent d’abord sur la première étape qui est de définir son analyse de double matérialité ».
Saisir l’opportunité de transformer l’entreprise
« La première réaction pourrait être de dire que c’est une contrainte, analyse Fabienne Ménard, CFO du Groupe Manutan, spécialiste français de la distribution BtoB, mais on considère chez nous que c’est une opportunité, ça nous donne un cap, une occasion de nous développer ». La directive est certes ambitieuse, mais apporte l’opportunité d’intégrer les critères RSE dans une stratégie d’entreprise.
« Cela nécessite l’engagement de la direction au plus haut niveau pour prendre les décisions qui s’imposent », ajoute Jean-François Clédel, président fondateur d’Ingéliance, et Vice-Président RH du Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine. Pour lui, la difficulté réside dans les délais très courts d’application de cette directive dans les entreprises : une majorité des ETI devront rendre le premier rapport au 1er janvier 2025. « Pour que vous ayez un plan de transition à la hauteur, il faut identifier les enjeux et véritablement changer la stratégie », continue Anne-Catherine Husson-Traore.
Intégrer la culture d’entreprise
Le premier enjeu de la CSRD est celui d’intégrer la culture d'entreprise afin de ne pas toucher uniquement l’équipe RSE. Pour intégrer cette culture au sein de Manutan, Fabienne Ménard explique qu’il est fondamental de constituer des équipes pluridisciplinaires. L’entreprise a rassemblé les membres de la direction RSE, financière, risques, informatique et data pour saisir cette question. Manutan se fait tout de même accompagner par des consultants externes pour compenser le manque de compétences internes.
Pour faire face à la complexité des nouvelles normes imposées, le Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine a lancé une action collective de formation à la CSRD. Un programme d’accompagnement de 8 mois qui commence par une vidéo explicative de sensibilisation pour tous les dirigeants d’ETI.
Cette transformation aura tout de même un coût. Les trois invités de SMART @ WORK s'accordent à dire que c’est un investissement long terme. Cet effort de l’entreprise se fait au bénéfice d’un business modèle plus durable qui aurait de toute manière été impacté par les aléas environnementaux. « Il faut voir la CSRD comme un catalyseur de tous les efforts que l’entreprise doit faire », conclut Fabienne Ménard.