Samedi 9 décembre 2023, SMART @WORK reçoit Caroline Lutinier (Directrice RSE & Communication, Groupe HERIGE) , Martin Besnier (Cofondateur et CEO, Holis) et Antoine Compin (Directeur Général, Manutan France)
La data, un allié de la RSE ?
Est-ce que les données peuvent aider une entreprise à réduire son impact environnemental et améliorer son apport social ? Un consensus émerge autour de la data au service de la mesure des performances, y compris RSE. Sous réserve de réussir à faire remonter les bonnes informations pour établir les bons constats.
Pas de data, pas de stratégie RSE ? Pour Antoine Compin, le constat est clair, « la donnée est clé ». Selon le directeur général de Manutan, au sein du fournisseur de mobilier de bureau, « on identifie d’abord la stratégie RSE que l’entreprise a établie et affirmée, et on va ensuite récolter de la data pour pouvoir soutenir cette stratégie ». Une démarche non limitée à la responsabilité sociale et environnementale de la structure « car chez nous, les stratégies produit, commerciale et RSE forment un tout, lequel correspond à l’impact que l’entreprise veut avoir dans la société ».
La data pour mesurer et communiquer
Au-delà de l’intention louable, il y a la mise en application. Pas si simple selon Caroline Lutinier. Pour la directrice RSE et Communication du Groupe Herige, « sur la partie industrielle de notre activité, on est maître du processus de collecte ». Mais sur la partie distribution, c’est plus difficile pour cette entreprise du bâtiment de faire remonter une data qualitative. « L’une des difficultés, c’est l’absence d’automatisation de la chaîne de traitement des données. Parfois, elle est existante, mais pas collectée, alors qu’elle est nécessaire pour piloter une stratégie RSE et surtout communiquer dessus auprès de nos collaborateurs. » Du côté de Manutan, Antoine Compin pointe l’hétérogénéité des situations en externe. « On est distributeurs de matériel, on s’appuie sur des fournisseurs qui ont en main une partie de l’histoire, et d’autres partenaires qui s’occupent du transport des marchandises… Il faut que l’on collecte l’ensemble de ces informations, or, elles ne sont pas au même endroit, ni au même moment dans toutes les entreprises. »
« Si grâce à la data, on arrive à embarquer nos partenaires et nos clients… »
Pourquoi s’efforcer à récupérer des données peu accessibles ? Parce qu’elles renseignent l’empreinte environnementale d’un produit, et que le produit « représente peut-être 75 % de l’impact environnemental d’une entreprise », selon Martin Besnier, cofondateur de Holis. Le spécialiste en analyse du cycle de vie et écoconception insiste sur l’importance de « remonter le cycle de vie des matières premières jusqu’à la fin du produit ». Chez Manutan, il y a plus de 800 000 références produits. « Ce qui implique que le score d’impact environnemental produit que nous avons sorti en 2023 doit être rendu reproductible sur tous ces produits » explique Antoine Compin. Le sacerdoce a une finalité bien précise : « obtenir un score, un peu comme le nutriscore que les consommateurs connaissent, et le fournir à nos clients ». Aider ces derniers dans leur propre démarche RSE ne fait que renforcer la dynamique selon lui. « Si grâce à la data, on arrive à embarquer nos partenaires et nos clients dans la démarche d’amélioration, alors on a gagné. »
Quand la data valide l’économie circulaire
Reste à s’assurer de la qualité de la data sur laquelle on s’appuie. Pour Martin Besnier, il vaut mieux privilégier l’effort de « croiser ses propres données et celles de ses fournisseurs », plutôt que de s’appuyer sur des bases de données publiques, afin « d’éviter les données majorantes, et surtout de s’améliorer plus vite dans une démarche d’écoconception ». Inutile néanmoins d’être « trop pointilleux » sur la qualité de chaque donnée, « car l’objectif est d’identifier des actions simples pour réduire l’impact d’un produit tout en préservant son efficacité économique ». Chez Manutan, à titre d’exemple, la data a permis de pointer une évidence sur l’économie circulaire et les produits de seconde main. « Ils entrent dans un second cycle de vie, mais sans nouveau coût de matière première, d’extraction » souligne Antoine Compin. « Ils ont des scores environnementaux très bons. Et bien souvent, ils sont aussi plus économiques. »