Lundi 25 septembre 2023, SMART IMPACT reçoit Cédric Philibert (Chercheur associé, Ifri) et Michel Gioria (Délégué Général France, Energie Eolienne)
Comment réussir la transition énergétique en France ?
Le dernier rapport RTE et les annonces sur la planification écologique par l’exécutif ont rappelé la nécessité pour la France de se transformer et de développer ses secteurs renouvelables. Les intentions officialisées, reste à organiser la mise en œuvre de la grande transition qui va libérer les énergies vertes. On en parle avec Cédric Philibert, de l’IFRI, et Michel Gioria, de France Énergie Éolienne.
La France peut-elle faire l’économie d’une accélération d’envergure dans les énergies renouvelables ? À l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique et des volontés d’émancipation des énergies fossiles, la réponse semble évidente. Pour autant, c’est une simple déduction mathématique qui confirme l’impératif : moins de pétrole ou de gaz, c’est autant d’électricité en plus dans le mix énergétique. « C’est lié, entre autres, à ce que l’on appelle l’électrification des usages », explique Michel Gioria, délégué général de France Énergie Éolienne. Pour lui, « éolien et solaire sont les deux seuls moyens pour produire la quantité additionnelle d’électricité au cours, au moins, des quinze prochaines années » sur le territoire.
« On a besoin du solaire et de l’éolien »
Chercheur associé à l’IFRI, Cédric Philibert estime qu’il faut raisonner en termes d’adaptation « de la consommation par rapport à la production, et non seulement l’inverse ». Ce qui n’implique pas de « consommer moins, mais de savoir consommer au bon moment ». Le travail de pédagogie selon lui « commence doucement » dans le rapport RTE 2023, mais il faut « fo rmuler des concepts pour le grand public ». Ce qui implique en premier lieu de faire comprendre le plus clairement possible « pourquoi on a besoin du solaire et de l’éolien ».
Pas une mince affaire à l’heure où la peur de la fin du monde et celle de la fin du mois sont en concurrence. Mais pour l’auteur du livre Éoliennes, pourquoi tant de haine, aux éditions Les Petits Matins, on peut faire comprendre aux Français que les deux combats sont liés. Les énergies renouvelables sont indispensables pour « nos objectifs climatiques et pour se défaire de la dépendance au pétrole et au gaz dont les prix sont erratiques et nous maintiennent en sujétion à l’égard de certains pays étrangers ».
Des projets verts créateurs de richesse
Pour Michel Gioria, la transition fonctionnera dès lors que le discours de l’État sera sans aucune ambiguïté et avec une mise en application qui ruisselle de l’échelle nationale vers l’échelle locale. « Les projets d’énergies renouvelables arrivent souvent dans des territoires ruraux, qui ont besoin de se développer et de stabiliser la population chez eux. » Outre l’énergie qu’ils produisent, ces projets « créent aussi de la richesse », qui nourrit un cercle vertueux, avec le financement « de la propre transition de ces territoires ».
Dans les faits, Cédric Philibert préconise des ambitions fortes pour « produire notre propre énergie autant qu’on le peut », avec l’idée de ramener la consommation d’énergies fossiles « à moins d’un tiers » du mix énergétique. Pour y arriver, Michel Gioria en appelle sans réserve au président de la République : « Il faut qu’il dise qu’on a besoin de toutes les filières renouvelables, et il faut assumer le renouvellement du système électrique français qui va se produire ». Le changement doit commencer maintenant.