Samedi 17 juin 2023, SMART @WORK reçoit Caroline Haquet (DRH, Groupe Manutan) , Christophe N'guyen (président, Empreinte Humaine) et Amélie Favre Guittet (cofondatrice, Talent Management)
Désengagement des salariés : mythe ou réalité ?
La question est sur toutes les lèvres. Celles des RH en tout cas. Comment réenchanter la relation des salariés à leur entreprise ? La transformation déjà bien engagée de nos rapports au travail semble s’être accélérée avec l’arrivée des jeunes générations sur le marché du travail. Nouveaux codes, nouvelles règles, nouvelles attentes : il est parfois difficile de faire la différence entre désengagement et nouveaux comportements.
Grande démission, quiet quitting, act your wage… les expressions ne manquent pas pour décrire les nouveaux rapports des salariés au monde du travail. « Selon moi, il y a plusieurs phénomènes : il y a un sujet autour des nouvelles générations qui influencent la remise en question des conditions de travail et du management. Il y a eu la pandémie qui a amené un repositionnement de l’importance que les gens accordent à leur travail. Il y a aussi un sujet autour de la reconnaissance, dont la reconnaissance salariale, qui est amplifiée avec l’inflation », explique Christophe Nguyen, président, Empreinte Humaine et psychologue du travail et des organisations.
Si la « grande démission » semble avoir touché particulièrement le marché du travail américain, la France connaît elle aussi son lot de turbulences. « Le « désengagement » et le «Quiet Quitting» sont des mouvements beaucoup plus préoccupants car il y a un désamour qui risque de se mettre en place entre les collaborateurs et leur entreprise. Les entreprises ont vraiment un rôle d'introspection à jouer », observe Caroline Haquet, la DRH du Groupe Manutan.
Face aux mutations, les entreprises se réinventent
Cette nouvelle réalité du monde du travail peut cependant s’avérer être un atout pour les entreprises, qui sont par ailleurs en pleine guerre des talents. Elles peuvent en profiter pour développer la culture du bien-être au travail mais aussi pour repenser leur organisation avec des process plus efficaces. « Finalement, est-ce que le travail que l’on faisait à quatre, avant, nécessite toujours autant de personnes, maintenant que l’on a de nouveaux outils technologiques et des process plus efficaces ? », s’interroge Caroline Haquet.
Pour limiter au mieux le turnover, les entreprises misent notamment sur l’onboarding, car jamais la « période d’essai » n’a jamais mieux porté son nom, pour l’employeur comme pour le salarié. « Aujourd’hui, les jeunes et les moins jeunes analysent beaucoup plus l’entreprise qu’ils intègrent, la transparence sur les missions, les moyens à disposition, les feedbacks avec le manager… », remarque Amélie Favre-Guittet, Présidente, Talent Management Group. « L’entreprise doit donc veiller à répondre aux besoins de l’employé (encadrement, télétravail …), le manager change presque de rôle en devenant un coach pour ses équipes ».
Les nouveaux rapports au travail nécessitent donc de nouvelles méthodes de management basées sur un encadrement aussi bien individuel que collectif. La confiance réciproque devient donc le pilier de l’entreprise du futur, dont le fonctionnement est situé entre celui d’une organisation classique et celui d’une entreprise dites « libérée ».