Samedi 1 avril 2023, SMART @WORK reçoit Claire Bottineau (Directrice RSE, Groupe ELIS) , Rémy Le Moigne (Directeur, Gate C, conseil en économie circulaire) et Pierre-Emmanuel Saint-Esprit (Directeur économie circulaire, Manutan)
Économie circulaire : les entreprises doivent accélérer !
Alors que « 90% des déchets en France sont produits par les entreprises », selon Rémy Le Moigne, directeur du cabinet de conseil Gate C, leur rôle dans la transition écologique est prépondérant. Pourtant, faute de filières structurées, la mise en œuvre de politique d’économie circulaire dans les entreprises reste encore compliquée. Il est parfois moins cher pour une entreprise de jeter ses déchets plutôt que de les recycler ou de les revaloriser. Alors comment accélérer le mouvement ?
Mettre en place une stratégie d’économie circulaire, le groupe Elis spécialiste de l’hygiène et du nettoyage l’a fait depuis longtemps. Selon Claire Bottineau, directrice RSE du groupe, « 88% du chiffre d’affaires de l’entreprise repose sur l’économie de fonctionnalité ». L’entreprise a donc rapidement eu recourt à la location de produits plutôt qu’à la vente. Elle est aussi parvenue à instaurer une boucle comprenant - entre autres - la réparation de ses produits, ou leur upcycling. Pour Pierre-Emmanuel Saint-Esprit, Directeur Économie Circulaire du groupe Manutan le travail avec les fournisseurs est essentiel, il s’agit ici d’instaurer un véritable partenariat. Il faut avoir la possibilité de mesurer la circularité des produits, via des groupes de travail communs, ou encore de créer un score d’impact global pour aider les fournisseurs à s’auto-évaluer. Car c’est bien là que le bât blaisse : « beaucoup d’entreprises n’ont aucune idée du nombre d’intermédiaires qu’il y’a dans la chaine de production, du sourcing des matières premières, des flux d’invendus… »
Embarquer l’entreprise : l’importance d’une vision partagée
Face à ces difficultés, chaque entreprise à sa stratégie : « construire et/ou utiliser des produits circulaires comme alternative à l’utilisation de produits à bas coûts, difficilement réparables ; mettre en place des business modèles circulaires, en privilégiant - par exemple - des équipements reconditionnés, ou encore penser un écosystème comprenant des recycleurs, des réparateurs… », explique Rémy Le Moigne. Mais quelle que soit l’option choisie, il est indispensable d’entrainer l’ensemble des salariés dans l’aventure, et d’énoncer clairement dans quelle mesure le virage est nécessaire. Si l’économie circulaire n’est pas native pour une entreprise, elle est accessible à tout le monde, d’où l’importance de travailler le discours. C’est au sein des équipes que le changement doit se décider.« Le développement de l’économie circulaire, en dehors du développement de nouveaux services, passe par son intégration dans toutes les équipes… il faut en mettre partout ». Ainsi au sein du Groupe Elis, le salarié en fait l’expérience dès son entrée dans l’entreprise, il est en immersion, et se trouve rapidement empreint de cette vision. Un changement de modèle qui permet aux salariés de retrouver du sens de leur travail et qui devient impératif pour les entreprises. Rémy Le Moigne prédit - en Europe - « un tsunami de réglementations sur l’économie circulaire ». Et que les entreprises réfractaires se rassurent « on voit arriver la rentabilité ».